Notre histoire familiale & son procédé universel
L’histoire familiale soulève nombre de curiosités et questionnements, tout en nous reliant à nos origines
et à une mémoire commune.
Nous avons tous un héritage génétique, bien sûr, mais aussi psychologique. Cet héritage s’exprime à travers l’histoire de notre famille dont nous sommes un des maillons dans la chaîne des générations.
Notre naissance vient s’inscrire dans notre histoire familiale, et même si nous ne connaissons pas tous les personnages de notre arbre généalogique, leur trace subsiste en nous à travers des secrets, des non-dits, des allusions transmis par nos parents. Ces liens transgénérationnels exercent sur nous une influence qui nous pousse à répéter, que nous le voulions ou non, que nous le sachions ou non, des situations agréables ou des événements douloureux.
Par un procédé précis et complexe, nous venons incarner dans notre arbre généalogique, l’énigme existentielle de qui nous sommes.
Pour poursuivre au mieux l’aventure de nos vies, la psychogénéalogie et les constellations familiales nous aident à faire la part entre les pièges et les trésors de notre héritage familial.
Nous allons prendre conscience du théâtre des transmissions, de comment il touche notre structure psychique, influence notre état d’âme ou notre santé ; et comment ces transmissions altèrent parfois notre capacité à être qui nous sommes en profondeur, c’est à dire en tant qu’individu libre…
Et nous détenons des singularités extraordinaires.
Les constellations familiales sont une thérapie qui s’effectue en groupe.
Il va se créer un espace dans lequel vont se jouer, et /ou vont plus précisément, se rejouer les relations conscientes et inconscientes des membres d’une même famille.
Dans cet espace, il est question de prendre conscience de l’impact créé sur nous, par notre système familial, pour pouvoir mieux s’en libérer.
Qu’est-ce qu’un système familial ?
Nous allons l’aborder avec la psychogénéalogie. C’est un ensemble organisé au sein d’une famille, et la psychogénéalogie va nous aider à mieux comprendre comment il s’organise.
La psychogénéalogie est un terme qui est né avec Anne Ancelin Schutzenberger (psychologue française).
La psychogénéalogie est la résultante des découvertes faites sur la psychologie humaine par une armada de psychologues et de scientifiques.
Le système familial s’organise avec ses transmissions :
– des transmissions intergénérationnelles (entre les générations se connaissant) ce qui est transmis de façon directe.
– des transmissions transgénérationnelles (entre les générations et /ou individus d’un même arbre généalogique qui ne se connaissent pas) cela contient ce qui est tenu secret, caché, non dit, non su.
Dans les constellations familiales, nous allons travailler avec notre généalogie et avec les empreintes inconscientes, les mémoires et les aspects psychologiques des individus.
Sachant que chaque système familial s’organise de la même façon.
Il s’organise avec un réseau de communication / « nous pouvons étudier l’effet de ce réseau de communication sur les personnes »( scientifique anglais, Gregory Bateson).
Ainsi, nous nous demandons non pas pourquoi telle personne présente tel trouble, mais plutôt dans quel contexte familial se trouve impliqué la personne.
De ce fait, nous pouvons constater, que nous ne sommes pas des individus isolés, mais bien des éléments d’un réseau de communication.
Nous sommes sous influence et nous influençons pareillement.
Nous relions certains membres de notre famille et nous sommes reliés nous-même à notre insu parfois, avec certain membre de la famille.
C’est le jeu des interactions, que nous explorons dans les constellations familiales.
De ce fait, cette approche systémique considère en somme qu’il n’y a pas d’individu malade en soi mais bien un ou des systèmes qui conduisent aux pathologies.
Murray Bowen (psychiatre américain) conçoit la famille, comme une masse psychoaffective à l’intérieur de laquelle chacun est en interdépendance émotionnelle.
C’est un peu comme si nous partagions la même peau / ainsi, les émotions non résolues, à caractère pathologiques peuvent circuler de générations en générations.
D’où l’intérêt du travail de la différenciation, que l’on vit dans les constellations familiales, à savoir, se dégager émotionnellement des pensées et des pressions du groupe familial, pour ainsi, quitter notre forte identification à certains de ses membres.
Dans ses interactions, le système familial introduit une notion appelée :
éthique relationnelle
à savoir qu’il existe des forces régulatrices des systèmes :
des lois, avec une forme de justice veillant à
la juste répartition des mérites, des bénéfices, des obligations.
C’est comme si notre histoire familiale tenait un grand « livre des comptes », qui dénombre les dettes faites par les générations avant nous / une sorte de comptabilité familiale implicite chargée de maintenir l’équilibre entre le donner et le recevoir.
Cet aspect sollicite une fonction inée chez chacun d’entre nous :
le principe de loyauté (conscient ou inconscient).
Ce principe de loyauté nous pousse, comme poussés par des forces invisibles dictées en partie par le regard du fameux » livre des comptes » (dont nous n’avons pas conscience).
Cette pulsion de loyauté inconsciente peut nous contraindre fortement, et nous fixer des rôles que nous n’avions pas choisis…
Ainsi pour gagner du « crédit », nous pouvons être amenés à reproduire tel ou tel comportement, à rester ancré dans telle ou telle condition sociale & professionnelle.
Et par principe de loyauté, par fidélité, être dans le non choix de vie.
(Ex: de parents ouvriers, difficulté à accepter ou se à mettre en situation d’ascension sociale)
Il existe plusieurs déclinaisons du principe de loyauté, elles peuvent se traduire en répétition :
– répétition par compensation : on est membre d’un clan (familial) en tant que tel, on a le devoir de réaliser là où nos ancêtres ont échoués. (ex : parce que mes parents et arrières grands parents ont peinés dans leurs affaires, j’ai le désir obsessionnel de « réussir ma vie » financièrement).
– répétition par opposition : tous les membres de la famille vivent dans un rayon de 20km, moi, considéré comme rebel, je vais vivre dans un pays étranger / quelque part je respecte le rôle qui m’a été donné / tout est en ordre.
Les constellations familiales mettent en lumière ces non choix de vie, lesquelles seront abordés avec toutes les personnes impliquées dans le mécanisme.
Comme le travail est fait pour tout le système, l’impact de cette prise de conscience commune est bien plus forte qu’un travail individuel.
On a repéré également d’autres éléments organisés par notre système familial sur les personnes.
Comme ce que l’on nomme l’empreinte du non résolu
(psychologue russe Bluma Zeigarnik) et son exemple du garçon de café avec sa commande gardé en mémoire tant qu’elle n’est pas servie.
On a constaté que l’on se souvient mieux des tâches interrompues et/ou non accompli que celles menées à bien.
Sur le plan psychologique, un cycle qui n ‘a pas pu s’achever en raison d’un manque de temps (deuil) ou une impossibilité (séparation) engendre /ou peut engendrer des pressions mentales et de ce fait, chaque événement ou situations inachevées viennent s’inscrire dans notre psychisme. Comme l’inconscient ignore le temps, cela donne un nombre de dossiers non résolus ou restés en attente transmis à la descendance.
ex: (deuil inachevé = sur les générations descendantes, décès similaire pour achever le deuil )
ex: (exil forcé = reproduire une situation similaire avec les subtilités de l’inconscient…Prison ? Expulsion de son logement ? )
Les secrets de famille sont aussi un autre phénomène du système familial.
On peut les comparer à des patates chaudes que l’on se passent de mains en mains de génération en génération jusqu’à ce que soit mis en lumière le drame ou le traumatisme initial.
C’est souvent un vécu honteux et impossible à reconnaître, un secret sous cocotte minute, une forme de bombe à retardement.
Cette découverte est née avec les psychologues Maria Torok et Nicolas Abraham, il s’agit d’une notion clef de la psychogénéalogie que l’on appelle :
Le fantôme transgénérationnel
(ce n’est pas un mort vivant venu nous hanter comme on les voit dans les films d’horreur)
mais plutôt, un fantôme qui cherche à faire parler de lui coûte que coûte et ce parfois sur plusieurs générations, c’est comme une formation de l’inconscient.
Ce peut être le secret inavouable d’un autre (en passant par inceste, crime, enfant illégitime etc…)
C’est un secret qui parvient du fond de notre inconscient, et qui sans qu’on s’y attende, s’exprime chez un membre de la descendance (par la parole, des actes bizarres, dans des symptômes tel que des comportements phobique ou obsessionnels).
Maria Torok et Nicolas Abraham donnent l’exemple d’un cas étudié:
Un patient passe tous ses w-e à casser des cailloux (géologie) et à asphyxier des papillons (entomologie) au regret de sa famille (comportement obsessionnel) il s’avère mettre en scène le sort que connu l’un des membres de sa famille, événement gardé secret et inavouable parce que cet homme avait été dénoncé par sa grand-mère pendant la guerre, avait été envoyé « casser des cailloux » avant de mourir en chambre à gaz.
Toutes les manifestations des lois systémiques tendent à émerger dans les constellations familiales.
Ce qui était caché se découvre à travers les relations et interactions de chacun.
Comment ?
Présence et écoute du corps :
Le corps parle par l’intermédiaire de nos sensations / comment je me sens / qu’est-ce que mon corps a envie de faire etc…
Le corps est un canal vers l’inconscient (c’est pourquoi il somatise).
Par le corps, nous allons vivre les émotions et les résolutions.
Lorsqu’une étincelle de conscience est perçue, elle est enregistrée dans toutes les cellules de notre corps.
Avec l’aide d’une compréhension thérapeutique,
tendre vers une réparation en mouvement en passant par l’éclaircissement des non-dits et secrets, pacifier et résoudre les problèmes liés :
– à l’appartenance ( aucune exclusion est autorisée)
– à l’antériorité ( chacun a une place)
– à l’équilibre entre le prendre et le donner.
– mettre en lumière.
– nommer l’inconnu ou l’innommable.
– lâcher les « valises » : les souffrances non traitées, les dossiers en attente depuis des générations, les secrets que l’on porte et qui nous écrasent.
Au delà du bienfait personnel des constellations, il va s’opérer une transformation sur la psychologie de « l’âme » familiale. Tout le système est apaisé.
Les constellations familiales peuvent être vécues comme une impulsion vers la solution.
Le champ énergétique du système familial est investi par l’exploration puis la réconciliation.
Chaque famille constitue un champ spécifique, un espace psychique où les transmissions voyagent et s’organisent.
La mise en place d’une constellation familiale crée un champ de forces.
Nous sommes sensibles au champ dans lequel nous pénétrons et nous nous y adaptons.
Le champ qui s’établit lors de la constellation est relié à d’autres champs de forces, comme celui de la famille réelle et celui de notre inconscient collectif.
C’est pourquoi les représentants, à partir du moment où ils acceptent leur rôle, ressentent les mêmes émotions que les personnes qu’ils représentent.
Ils sont comme portés par l’instant.
Cette « magie » du moment existe parce que chacun de nous avons accès à cet espace étonnant nommé l’inconscient collectif (nommé par C.G Jung psychiatre suisse)
Il est cet espace commun à l’humanité entière, un inconscient universel que les humains partagent quelques soit les époques, les lieux.
Tout comme, quelque soit nos origines, nous possédons la même structure anatomique, de même, nous avons une structure psychique commune.
Et cette structure psychique commune influence nos comportements et nos représentations.
Elle va nous permettre aussi de travailler en groupe dans les constellations familiales, nous avons tous une histoire personnelle, et nous avons en commun l’histoire de l’humanité.
Jung disait à propos de l’inconscient collectif :
« C’est reconnaître que nous ne sommes pas d’aujourd’hui, ni d’hier, nous sommes d’un âge immense »
Dans cet inconscient collectif, nous avons les vestiges de la mémoire et des expériences des générations antérieures.
Expérimenter les constellations familiales,
c’est tenter la relation à l’autre et à soi.
C’est se libérer des transmissions inconscientes qui nous empêchent
d’être qui nous sommes en profondeur.
C’est une expérience collective créatrive et génératrice.
« Il y a une fissure, une fissure dans tout, comme ça, la lumière peut entrer. »
Leonard Cohen